Le 29 novembre prochain, la population devra se prononcer sur l’initiative fédérale pour l’interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre. Dans le canton de Neuchâtel, un comité unitaire s’est constitué pour exiger que le financement des producteurs de matériel de guerre par la BNS, les fondations ou les institutions de la prévoyance publique et de la prévoyance professionnelle soit interdit.

Cette initiative, qui vise à mettre fin aux investissements dans des entreprises productrices de matériel de guerre a été lancée en 2017 par le Groupe pour une Suisse sans Armée et les Jeunes Vert.e.s suisses. Sera Pantillon, coprésidente des Jeunes Vert.e.s Neuchâtel a ainsi souligné que “l’initiative est essentielle puisque la Suisse a investi en 2019, 1044 CHF par habitant.e.s dans l’armement nucléaire, la plaçant ainsi juste derrière les Etats-Unis”. Alors que la législation actuelle interdit le financement du matériel de guerre proscrit internationalement (notamment les armes nucléaire ou les mine-antipersonnel), des financements indirects sont encore effectués comme l’a expliqué Fabien Fivaz, qui souligne que « la législation actuelle est insuffisante puisque le financement indirect n’est pas considéré comme une infraction dès lors qu’il n’est pas délibéré”.

Cette initiative exige donc que la BNS, les caisses de pensions ainsi que les fondations n’investissent plus dans des entreprises réalisant plus de 5% de leur chiffre d’affaire annuel par la production de matériel de guerre. “La grande majorité des PME en Suisse ne sera pas impactée par cette initiative, car la notion de matériel de guerre est extrêmement bien définie dans la législation suisse. Ainsi, même si l’art 5 de la Loi fédérale sur le matériel de guerre mentionne les pièces détachées et les éléments d’assemblage, ceux-ci ne sont considérés comme matériel de guerre que s’il est reconnaissable qu’on ne peut pas les utiliser à des fins civiles” a ainsi rappelé Aline Bressoud, co-secrétaire du GSsA. 

Cette initiative est aujourd’hui d’autant plus nécessaire que l’avenir de l’humanité est doublement menacé : par le réarmement militaire et par le changement climatique. Ces deux menaces sont étroitement liées puisque, comme le rappelle Pauline Schneider, co-présidente des Jeunes Socialistes neuchâtelois, “la production d’armes est extrêmement destructrice pour les écosystèmes du monde entier”. Et pour Solenn Ochsner, de SolidaritéS “cette initiative nous rappelle que nous ne sommes pas seulement un pays non belligérant qui s’engage à ne pas intervenir militairement. La Suisse doit dorénavant appliquer un régime juridique strict de la neutralité qui ne peut pas se limiter à encadrer la politique extérieure du pays mais doit toucher aussi la politique intérieure et économique de la Suisse si nous voulons garder une crédibilité à l’internationale”. 

De son côté, Antoine de Montmollin, député socialiste, a évoqué l’importance internationale de la place financière suisse et la responsabilité qui l’accompagne : “la place financière suisse est l’une des plus influente au monde. Les banques suisses détiennent 25% de parts sur le marché mondial de la gestion des patrimoines internationaux. Si nous cessons d’investir dans du matériel de guerre, cela enverrait un signal extrêmement fort au reste du monde”. Robin Augsburger, représentant de la section neuchâteloise de la Grève pour le climat, a quant à lui argumenté que « les investissements durables sont non seulement réalistes mais également rentables sur le long terme ». Des institutions se sont déjà engagées en faveur de la durabilité depuis des années et en plus des entreprises nuisibles au climat, ces institutions excluent également l’ensemble du secteur de l’armement de leur portefeuille d’investissement.

L’initiative pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre est donc proportionnée et pertinente. L’argent suisse ne doit plus financer les guerres de ce monde. Prenons nos responsabilités et engageons-nous pour un monde plus pacifique. Le 29 novembre, disons OUI à l’initiative contre le commerce de guerre !