À l’occasion d’une conférence de presse en ligne, le comité unitaire genevois « Oui à l’initiative contre le commerce de guerre » a lancé ce matin sa campagne. En votation le 29 novembre, l’initiative contre le commerce de guerre vise à interdire à la BNS et aux caisses de pension de financer des entreprises productrices de matériel de guerre. Co-lancée par le GSsA et les Jeunes Vert.e.s, cette initiative bénéficie du soutien de plus de 40 organisations.

« L’argent suisse tue ! », voici le slogan choisi pour cette campagne. Pour, Damian Veiga, membre des Jeunes Vert-e-s, il résume parfaitement la situation actuelle, « aujourd’hui, la BNS et les caisses de pension investissent des milliards dans des entreprises qui produisent des armes et qui les vendent à des belligérants, engendrant ainsi mort et destruction. C’est à cette situation révoltante que nous souhaitons mettre fin. »

Le comité a ensuite fortement critiqué le cadre légal actuel, qui n’est absolument pas satisfaisant. Ainsi, seul est interdit le financement indirect du matériel de guerre prohibé. Leur financement indirect n’est interdit que s’il a pour but de contourner le financement direct, ce qui est impossible à prouver. Par conséquent, cette interdiction n’a aucune portée pratique. De plus, il n’existe à ce jour aucune interdiction de financement pour le matériel de guerre conventionnel.

La campagne des opposants à l’initiative a également été fustigée. « Prétendre que l’initiative aurait un impact négatif important sur les PME en Suisse constitue un mensonge grossier », affirme Thomas Bruchez, secrétaire politique du GSsA. En effet, poursuit-il, « notre initiative vise avant tout l’industrie internationale de l’armement. » Ainsi, seules les entreprises productrices de matériel de guerre, conformément à la définition très restrictive du matériel de guerre prévue par la LFMG sont concernées. Critère supplémentaire : elles doivent réaliser plus de 5% de leur chiffres d’affaires annuel dans le domaine de l’armement. Enfin, pour être touchées dans les faits par cette interdiction de financement, elles doivent être actuellement financées par la BNS et les caisses de pension. Or, ces institutions financières investissent avant tout de manière passive en répliquant des indices boursiers, au sein desquels seules les grandes entreprises internationales sont représentées. L’impact sur les entreprises suisses est donc négligeable.

En ce qui concerne l’importance internationale de la place financière suisse et la responsabilité qui en découle, le président du PEV genevois Florian Baier explique : « La place financière suisse est l’une des plus influentes au monde. Un quart de la fortune privée mondiale est gérée ici. La Suisse a donc les moyens d’investir dans des placements éthiques et durables. » Pour le comité, il est essentiel que la place financière suisse opère un véritable virage en matière de durabilité. Delphine Klopfenstein, présidente des Vert.e.s Genève et conseillère nationale affirme à ce sujet : « Par ses investissements tant dans les énergies fossiles que dans l’armement, la place financière suisse menace l’existence de nombreuses personnes à travers le monde. Il est temps d’y mettre fin et de contraindre la place financière à se plier aux exigences de durabilité »

Christian Dandrès, conseiller national PS, a ensuite relevé la profonde contradiction entre l’engagement international de la Suisse pour la paix et les pratiques de de sa place financière. « Investir dans des entreprises actives dans des groupes militaro-industriels n’est pas neutre. C’est financer une politique nationale et internationale de confrontations militaires, donc faire obstacle à l’engagement de la Suisse vis-à-vis de la communauté internationale, en faveur de la paix et des droits humains. »

En conclusion, Luca Califano, membre de SolidaritéS, résume : « Ce qu’exige l’initiative devrait être une évidence : les vies humaines valent plus que les profits, personne ne devrait pouvoir s’enrichir grâce au commerce de guerre. »