De la pollution des sols par les bombes et armes chimiques jusqu’au quantités insoupçonnées de CO2 non comptabilisées et émises par l’industrie de l’armement et les conflits eux-mêmes, la guerre, au-delà de s’attaquer aux êtres humains, détruit la biosphère et le vivant. A cela s’ajoute le risque irréversible d’un embrasement nucléaire qui n’épargnerait personne où qu’il se trouve. Le GSsA estimait qu’il était est temps d’appréhender ce sujet comme il se doit encore trop absent du débat public. Retour sur cette conférence organisée dans le cadre du festival genevois Alternatiba avec le journal Le COURRIER à laquelle le GSsA a été invité à participer, avec à ses côté le chercheur émérite Ben Cramer. par Nadia Magnin
Les guerres, au-delà de représenter une des pires formes de violence et de causer de nombreuses victimes, fait aussi des ravages sur le plan environnemental. Quels sont ses effets néfastes pour notre planète ? L’environnement est une victime silencieuse et collatérale des guerres et ses sources d’émissions restent encore particulièrement opaques. Le bilan carbone des armées est impossible à définir précisément, notamment parce que ces données sont encore gardées secrètes au nom de nos politiques sécuritaires.
Selon les estimations de l’observatoire Conflits et environnement, les armées sont responsables a minima de 5,5 % des émissions mondiales. Si les armées du monde étaient une nation, elle occuperait le 4e rang mondial des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre, derrière la Chine, les États-Unis et l’Inde, et devant la Russie. Ainsi, les guerres ne se contentent pas de tuer, car par-dessus le marché, elles polluent.
Les multiples pollutions de la guerre
Toutefois, les émissions de CO2 ne constituent pas les seules atteintes de la guerre à l’environnement. Les pollutions sont multiples : résultant principalement de l’utilisation intensive d’armes, elles entraînent une pollution importante des sols, des eaux, de l’atmosphère ainsi qu’une dégradation et la destruction des écosystèmes et de la biodiversité. Plus encore, il existe un risque de graves dommages environnementaux dans les zones où du matériel militaire (munitions, véhicules) a utilisé, abandonné ou détruit. Ces déchets militaires rejettent des métaux lourds ainsi que des polluants organiques. Qui plus est, le devenir environnemental de ces vestiges toxiques de guerre est complexe à mesurer, les déchets militaires se dégradant très difficilement.
Les bombardements dispersent également des matières hautement polluantes, qui envahissent l›air et se déversent ensuite dans l’eau et le sol de manière durable.
Rappelons également que les minerais (lithium, manganèse, cobalt) sont utilisé dans la fabrication d’armes et représentent une ressource majeure pour le complexe militaro-industriel : entre autre, le lithium sert à la propulsion des sous-marins et le cobalt à la fabrication des avions de combat comme les F-35.
L’arme nucléaire, principale menace sur l’environnement
Mais par dessus tout, l’arme nucléaire pourrait représenter la principale menace sur l’environnement, raison pour laquelle le désarmement nucléaire doit devenir être une priorité, en particulier pour la Suisse. En effet, toute utilisation des armes nucléaires aurait des conséquences absolument dramatiques sur notre planète, dévastant des territoires entiers et provoquant des atteintes définitives à l’environnement. L’explosion d‘armes nucléaires ne produirait pas un réchauffement mais un refroidissement de la température terrestre, nous plongeant dans un «hiver nucléaire». La température descendrait à -20C et ne remonterait au-dessus de zéro qu’après de longs mois. Faute d’éclairement par le soleil, la photosynthèse des plantes serait interrompue, détruisant tout écosystème sur terre.
Dès lors, il a été aujourd’hui prouvé que les guerres ont un impact considérable sur le changement climatique et que les armées ne travaillent pas suffisamment à réduire leur empreinte carbone, le secteur militaire ayant toujours demeuré un domaine négligé par les États de réduction potentielle des émissions de CO2. La modernisation de la guerre va également avoir des effets croissants sur l’environnement puisque les armées dans le monde développent et déploient un système d’armes à forte consommation d’énergie toujours plus grande. Avec l’évolution de la technologie, les armées produiront donc de plus en plus d’émissions carbone. Pour exemple, un avion F-35 consommera bien plus qu’un avion F-16, passant de 3000 litres/heure à quelque 7000 litres de carburant.
Ainsi, comme l’affirme Ben Cramer dans son ouvrage «Guerre et Paix et Écologie», la militarisation du monde doit être considéré, comme l’une des cause principale de la détérioration de nos environnements sur terre à travers un complexe militaro-industriel qui détourne nos ressources vitales, accapare nos territoires et militarise nos esprits.